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DES ODES.

I’ay veu ſouuent ton œil ſeneſtre,
Trois fois regardant de loin paiſtre
La guide du troupeau,
L’enſorceler de telle ſorte,
Que toſt apres ie la vy morte
Et les vers ſur la peau.
Comme toy Medee execrable
Fut bien quelquefois profitable :
Ses venins ont ſeruy,
Reuerdiſſant d’Eſon l’eſcorce :
Au contraire tu m’as pas force
Mon beau Printemps rauy.
Dieux ! ſi là haut pitié demeure,
Pour recompenſe qu’elle meure,
Et ſes oz diffamez
Priuez d’honneur de ſepulture,
Soient des corbeaux goulus paſture,
Et des chiens affamez.