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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/34

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I. LIVRE

Quand la iouuence dorée
Friſe la creſpe toiſon
Sur la iouë colorée,
Par la poincte de ſa lance
Reſeuilla l'honneur de France,
Lors que mattant la vertu
Du vieil Marquis combatu,
Trancha les peuples d'Eſpagne
L'vn deſur l'autre ruez,
Pauant toute la campagne
D'hommes naurez & tuez.

Antiſtro.

Comme vn affamé lion
Qui de ſang la gorge a cuite,
Tout ſeul donte vn million
De cerfs legers à la fuite:
Ores rouant ſa grande maſſe,
Et ores ſa coutelace,
Conquiſt ſeul pour ſon butin
L'Allemant fier & mutin,
Et maiſtre de la victoire
Luy graua deſſus le dos
En lettres rouge la gloire
De la France & de ſon loz.

Epode.

» Iamais la Muſe ne ſoufre
» Qu'vn ſilence ſommeillant
» En ſes tenebres engoufre
» Les faits d'vn homme vaillant.
La France ne voit encore
De nul Prince, qu'elle honore,
La gloire ſi bien empreinte,