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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/37

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DES ODES.

Il est vray que i'auoy mis
En long oubly la memoire
Qu'autrefois ie luy promis
D'eſpandre au monde ſa gloire:
Mais ores voſtre main forte
Chaſſe l'iniure, de ſorte
Qu'il voye parfaitement,
Que nulle mortelle choſe
Ferme ne fut oncques cloſe
Sous l'huis de l'entendement.

Antiſtro.

Le temps venant de bien loin
M'a blaſmé comme teſmoin
De n'acquiter mon deuoir:
Au pis aller, vne vure
Raclera toute l'iniure
Que i'en pourroy receuoir.
» C'eſt un trauail de bon-heur
» Chanter les hommes loüables,
» Et leur baſtir vn honneur
» Seul veinqueur des ans muables.
» Le marbre, & l'airain veſtu
» D'vn labeur vif par l'enclume,
» N'animent tant la vertu
» Que les Muſes par la plume.
Or donques ta renommée
Voirra le monde, animée
Par le labeur de mes dois:
Telle immortelle largeſſe
Paſſe en grandeur la richeſſe
Des grands Princes & des Rois.

B vij