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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/62

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I. LIVRE

Par art ſe font ouuriers :
Telle humaine experience
Des autres ſoit le labeur,
Sans plus ma ſainte fureur
Polira voſtre ſcience.

Stro. 13.

Comme l’Aimant ſa force inſpire
Au fer qui le touche de pres,
Puis ſoudain ce fer tiré tire
Vn autre qui en tire apres :
Ainſi du bon fils de Latonne
Ie rauiray l’eſprit à moy,
Luy, du pouuoir que ie luy donne,
Rauira les voſtres à ſoy :
Vous par la force Apollinée,
Rauirez les Poëtes ſaints,
Eux de voſtre puiſſance attaints,
Rauiront la tourbe eſtonnée.

Antiſtro.

A fin (ô Deſtins) qu’il n’auienne
Que le monde appris fauſſement,
Penſe que voſtre meſtier vienne
D’art, & non de rauiſſement :
Cet art penible & miſerable
S’eſlongera de toutes parts
De voſtre meſtier honorable
Deſmembré en diuerſes parts,
En Prophetie, en Poëſies,
En myſteres & en amour,
Quatre fureurs qui tour-à-tours
Chatouilleront vos fantaſies.