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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/63

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DES ODES.
Epode.

Le traict qui fuit de ma main,
Si toſt par l’air ne chemine,
Comme la fureur diuine
Vole dans vn cœur humain,
Pourueu qu’il ſoit preparé,
Pur de vice, & reparé
De la vertu precieuſe.
» Iamais les Dieux qui ſont bons
» Ne reſpandent leurs ſaints dons
» En vne ame vicieuſe.

Stro. 14.

Lors que la mienne rauiſſante
Vous viendra troubler viuement,
D’vne poitrine obeïſſante
Tremblez deſſous ſon mouuement :
Et ſouffrez qu’elle vous ſecoüe
Le corps & l’eſprit agité,
A fin que Dame elle ſe ioüe
Au temple de ſa Deité.
Elle de toutes vertus pleine,
De mes ſecrets vous remplira,
Et en vous les accomplira
Sans art, ſans ſueur ne ſans peine.

Antiſtro.

Mais par-ſur tout prenez bie[sic] garde,
Gardez-vous bien de n’employer
Mes preſens en vn cœur qui garde
Son peché ſans le nettoyer :
Ains deuant que de luy reſpandre,
Purgez-le de voſtre ſaincte eau,
A fin que net il puiſſe prendre