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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/70

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I. LIVRE
Epode.

Leur pezon ſe heriſſoit
D’vn fer eſtoilé de rouille :
Au flanc pendoit leur quenouille,
Qui d’airain ſe roidiſſoit.
Au milieu d’elles eſtoit
Vn cofre, où le Temps mettoit
Les fuzeaux de leurs iournées,
De courts, de grands, d’allongez,
De gros & de bien dougez,
Comme il plaiſt aux Deſtinées.

Stro. 20.

Ces trois Sœurs à l’œuvre ententiues
Marmotoient vn charme fatal,
Tortillant les filaces viues
Du corps futur de L’hospital :
Clothon qui le filet replie,
Ces deux vers maſcha par neuf fois,
Ie retors la plvs belle vie
Qv’onqve retordirent mes dois.

Mais ſi toſt qu’elle fict tirée
A l’entour du fuzeau humain,
Le Deſtin la miſt en la main
Du fils de Saturne & de Rhée.

Antiſtro.

Luy tout puiſſant print vne maſſe
De terre, & deuant tous les Dieux
Imprima dedans vne face,
Vn corps, deux iambes & deux yeux,
Deux bras, deux flancs, vne poitrine,
Et acheuant de l’imprimer
Soufla de ſa bouche diuine