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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/77

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DES ODES.
Antiſtro.

Sus auant Muſe, ores il faut
Le guinder par l’air außi haut
Que ſes vertus m’ont mis ici
Deſſous le ioug d’vn doux ſouci :
Il le merite, ma mignone.
Nul tant que luy n’eſt honorant
Les vers dont tu vas redorant
La gloire de ceux que ie ſonne :
Il ſ’eſgaye de tes chanſons,
Et de ces nouuelles façons
Au parauant non imitables,
Qui font eſmerueiller les tables,
Et les gros ſourcis renfoncer
De ceſte ialouſe Ignorance,
Qui oſe deſia par la France
L’honneur de mes vers offenſer.

Epode.

» L’homme eſt fol qui ſe trauaille
» Porter en la mer des eaux,
A Corinthe des vaiſſeaux,
Et fol qui des vers te baille.
Si t’enuoiray-ie les miens
Pour r’encherir plus les tiens,
Dont les douceurs nompareilles
Sçauent flater les oreilles
Des Rois ioyeux de t’ouyr :
Seule en France eſt noſtre Lyre,
Qui les fredons puiſſe eſlire
Pour les Princes reſiouyr.

Stro. 2.

Le Poëte heureuſement bien-né

D iij