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I. LIVRE
A ANTOINE DE BAIF.


ode xiiii. Stro. i.


I’Ay touſiours celé les fautes
Dont mes amis ſont tachez,
I’ay touſiours teu leurs pechez,
Mais non pas leurs vertus hautes :
Car moy qui ſuis leur ſonneur
Et le courrier des merites,
Ie n’employe mes Charites
Qu’au ſeul trafiq de l’honneur,
Que le Ciel large donneur
Ayant pareil ſoin de toy,
T’a departy comme à moy,
Verſant en ta Poëſie
Vn ſainct treſor de beaux vers,
Mais pluſtoſt vne Ambroſie
Qui s’eſpand par l’Vniuers.

Antiſtro.

Maint chemin nous peut attraire
Pour venir à la vertu :
D’vn bien vn tel eſt veſtu,
L’autre d’vn autre au contraire.
Premier i’ay dit la façon
D’accorder le luth aux Odes,
Et premier tu t’accommodes
A la tragique chanſon,
Eſpouuantant d’vn grand ſon