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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/96

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I. LIVRE

Las ! voyez comme en peu d’eſpace,
Mignonne, elle a deſſus la place
Las las ſes beautez laiſſé cheoir !
O vrayment maraſtre Nature.
Puis qu’vne telle fleur ne dure
Que du matin iuſques au ſoir !
Donc, ſi vous me croyez Mignonne,
Tandis que voſtre âge fleuronne
En ſa plus verte nouueauté,
Cueillez cueillez voſtre ieuneſſe :
Comme à ceſte fleur la vieilleſſe
Fera ternir voſtre beauté.




ODE XVIII.



CEluy qui ne nous honore
Comme Prophetes des Dieux,
Plein d’vn orgueil odieux
Les Dieux il meſpriſe encore,
Et le Ciel qui nous decore
De ſon treſor le plus beau,
Nous mariant au troupeau
Que le ſainct Parnaſſe adore.
Vne ſainte ialouſie
De leurs preſens les plus dous
Se laiſſant gliſſer en nous
Flatte noſtre poëſie,
Qui darde la fantaſie
De leurs Preſtres agitez