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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/50

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AVERTISSEMENT

dans la collection de la Pléiade française, destinée aux bibliophiles, fut tirée à trop petit nombre pour faciliter l’étude de Ronsard. Celle de M. Paul Laumonier, qui suit le même texte, ne peut devenir pour tous d’un usage courant. Le moment a semblé venu de réimprimer enfin, dans une édition accessible à tous les lecteurs, le texte que nous estimons, aujourd’hui comme il y a vingt ans, présenter au mieux l’œuvre du grand Vendômois.

La première poésie imprimée de Ronsard fut l’Ode très gaillarde adressée à Peletier et publiée en 1547 dans les Œuvres poétiques de celui-ci ; ses derniers vers ne parurent, en 1586, qu’après sa mort. Pendant ces quarante années, que d’événements politiques, que de changements dans les mœurs et dans la langue ! Tout au début, Ronsard, partisan des réformes de Meigret, essaya de les faire triompher : il se résigna assez tôt à subir l’orthographe de ses imprimeurs, mais il modifia sans cesse son texte suivant les événements, son vocabulaire selon ses lectures ; et ce n’est pas un médiocre embarras que d’avoir à choisir le texte qui nous représente le mieux la pensée du poète. Les solutions données avant nous ont été différentes, suivant le tempérament des éditeurs ou les exigences des collections qui accueillaient leurs travaux.

Nous soutenons, pour notre compte, que pour comprendre Ronsard dans la complexité de son existence et de sa pensée, il faut nous reporter à l’an 1577, alors qu’âgé de cinquante-deux ans, ayant encore huit ans à vivre, il préparait cette sixième édition collective qui devait maintenir son prestige menacé par le succès foudroyant de son disciple Des Portes et ajoutait près de deux cents pièces nouvelles à celles qui l’avaient rendu sans rival jusqu’en 1573.

Une édition destinée au grand public ne saurait reproduire les éditions originales. Qu’on se rappelle que les Odes parurent en 1550, le Livre 1 des Amours en 1552,