XI
Amour Amour, donne moy paix ou treve,
Ou choisissant un autre trait plus fort,
Tranche ma vie, et m’avance la mort :
Quand l’amour faut, la vie est tousjours breve.
Un soing fécond en mon penser s’esleve,
Que mon sang hume, et l’esprit me remord,
Et dTxion me fait égal au sort,
De qui jamais la peine ne s’achève.
Que dois- je faire ! Amour me fait errer
Si hautement que je n’ose esperer
De mon salut qu’une langueur extrême.
Puis que mon Dieu ne me veut secourir,
Pour me sauver il me plaist de mourir,
Et de tuer la mort par la mort mesme.
MURET
Amour Amour.) Tourmenté de désir, et n’osant espérer
de parvenir au bien qu’il prétend oit, il souhaite d’avoir
paix, ou trêve pour le moins avec Amour : et si Amour
ne luy veut accorder ne l’un ne l’autre, pour mettre
lin ;i sa douleur, il souhaite la mort, pour avoir la fin
de ses morts.
XII
J’espère et crain, je me tais et supplie,
Or’ je suis glace, et ores un feu chaut,
J’admire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.