Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/121

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Sinope, qui vaut autant à dire, comme gastant et per dant les yeux. Mais ceste humeur.) Voy ce que dit Mars [ile] Ficin en son Commentaire sur le Banquet d’amour en Platon, quand les humeurs des yeux malades viennent infecter les yeux sains de ceux qui les regardent, et comme ils portent leur venin jusques au cœur.


LIII

Ha ! que je porte et de haine et d’envie
Au medecin, qui vient soir et matin
Sans nul propos tastonner le tetin,
Le sein, le ventre, et les flancs de m’ amie.
Las ! il n’est pas si songneux de sa vie
Comme elle pense, il est meschant et fin :
Cent fois le jour il la visite, afin
De voir son sein qui d’aimer le convie.
Vous qui avez de sa fiévre le soin,
Parens, chassez ce medecin bien loin,
Ce medecin amoureux de Marie,
Qui fait semblant de la venir penser :
Que pleust à Dieu pour l’en recompenser,
Qu’il eust mon mal, et qu’elle fust guarie !


BELLEAU Ha ! que je porte.) Il estoit devenu jaloux du bon heur d’un Medecin, lequel avoit soing de sa dame pour une fièvre qui la tourmentoit : et dit que ce Medecin feignant luy taster le pouls, luy manioit le tetin, et jouyssoit de la liberté qui luy estoit defendue. En fin il souhaite qu’elle guarisse, et que le Medecin pour punition de son merite, puisse esprouver la maladie d’amour. "