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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 3.djvu/284

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IV. LIVRE DES ODES

Si j’ay la teste blanche en haut,
J’ay en bas la queue assez franche.
Ne sçais-tu pas, toy qui me fuis,
Que pour bien faire une couronne
Ou quelque beau bouquet, d’un lis
Tousjours la rose on environne ?

ODE XXXIIII.

  La terre les eaux va boyvant.
L’arbre la boit par sa racine,
La mer salée boit le vent,
Et le Soleil boit la marine.
  Le Soleil est beu de la Lune :
Tout boit, soit en haut ou en bas :
Suivant ceste reigle commune
Pourquoy donc ne boirons-nous pas ?

ODE XXXV.

  Si tu me peux conter les fleurs
Du Printemps, et combien d’arène
La mer trouble de ses erreurs
Contre le bord d’Afrique amena :

  Si tu me peux conter des cieux
Toutes les estoilles ardantes.
Et des vieux chesnes spacieux
Toutes les fueilles verdoyantes :

  Si tu me peux conter l’ardeur
Des amans, et leur peine dure.
Je te feray le seul conteur,
Magny, des amours que j’endure.

  Conte d’un rang premièrement
Deux cens que je pris en Touraine,
De l’autre rang secondement
Quatre cens que je pris au Maine.

  Conte, mais gette près à près.
Tous ceux d’Angers, et de la ville