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IV. LIVRE DES ODES
ODE XXXII.

  Les Muses lièrent un jour
De chaisnes de roses, Amour,
Et pour le garder le donnèrent
Aux Grâces et à la Beauté,
Qui voyans sa desloyauté.
Sus Parnasse l’emprisonnèrent.

  Si tost que Venus l’entendit,
Son beau ceston elle vendit
A Vulcan, pour la délivrance
De son enfant, et tout soudain
Ayant l’argent dedans la main,
Fist aux Muses la révérence.

   Muses Déesses des chansons,
Quand il faudroit quatre rançons
Pour mon enfant, je les apporte.
Délivrez mon fils prisonnier :
Mais les Muses l’ont fait lier
D’une autre chaisne bien plus forte.

  Courage doncques amoureux.
Vous ne serez plus langoureux.
Amour est au bout de ses ruses :
Plus n’oseroit ce faux garson
Vous refuser quelque chanson.
Puis qu’il est prisonnier des Muses.


ODE XXXIII.

  Pourtant si j’ay le chef plus blanc
Que n’est d’un liz la fleur esclose.
Et toy le visage plus franc
Que n’est le bouton d’une rose :
Pour cela, cruelle, il ne faut
Fuyr ainsi ma teste blanche :