Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 3.djvu/423

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Es cordes d’Amour, disoy-je,
Il faut m’en déveloper
Ou bien du tout les couper
A fin que libre je soye.
 
Et pour-ce faire je pris
Une dague que je mis
Bien avant dedans la Lesse :
Et son noud j’eusse brisé
Si lors je n’eusse avisé
Devant l’huis une Déesse.

Mais incontinent que j’en
Son dos garny d’aisles veu,
Sa robbe et sa contenance,
Et son roquet retroussé,
Incontinent je pensé
Que c’estoit dame Espérance.

Je m’approche, elle me prit
Par la main dextre, et me dit.

Espérance.


Ou vas-tu pauvre Poëte ?
Tu auras avec le temps
Tout le bien que tu pretens.
Et ce que ton cœur souhaitte.

Ta maistresse avoit raison
De tenir quelque saison
Rigueur à ta longue peine :
Elle le faisoit exprès.
Pour au vray connoistre après
Ton cœur et ta foy certaine.

Mais ores qu’elle sçait bien
Par seure espreuve, combien
Ta loyalle amitié dure :
D’elle-mesme te prira.