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VIE


de


P. DE RONSARD.




Il est des hommes dont le nom, par un heureux privilége du génie, devient celui d’un siècle tout entier. Le mouvement d’une époque se personnifie pour ainsi dire en eux, et, grandis à la fois par l’admiration et les critiques, ils apparaissent dans l’histoire, comme ces hautes montagnes dont l’élévation attire les regards, et guide la route du voyageur à travers un grand pays. P. de Ronsard eut au seizième siècle cette bonne fortune, de résumer en quelque sorte tous les efforts de la poésie renaissante ; les écrivains célèbres lui font cortége ; toutes les renommées se plaisent à s’incliner devant la sienne ; ses éloges donnent la gloire ; l’envie se tait après quelques attaques impuissantes, et, comblé de la faveur des rois, enivré de l’encens des poëtes, qui se résignent à n’être que les rayons de ce soleil, Ronsard presque divinisé, proclame lui-même son apothéose, aux applaudissements de l’Europe entière.

L’âge suivant lui fit expier cette gloire. « Semblables, comme dit la Bruyère (Carac., c. i,), à ces enfants drus et forts d’un bon lait qu’ils ont sucé, qui battent leur nourrice, » les poëtes du dix-septième siècle, in-

RONSARD. – T. I.
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