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VIE

jeunes gens le suivirent, et s’adonnèrent avec passion à l’étude des langues anciennes, dont ils devaient transporter les richesses dans notre poésie française. Quoique Ronsard surpassât de quatre ans Baïf, qui n’en avait que seize, ce dernier était plus avancé dans l’une et l’autre langue ; mais la diligence du maître, l’infatigable travail de Ronsard et les généreux secours de Baïf établirent bientôt l’égalité entre les deux écoliers.

On ne peut lire sans attendrissement les détails que donne Binet (Vie de Ronsard) sur l’ardeur avec laquelle « ces futurs ornements de la France » s’adonnaient à l’étude. « Ronsard, qui avoit esté nourri jeune à la cour, accoustumé à veiller tard, continuoit à l’étude jusques à deux ou trois heures après minuict, et se couchant réveilloit Baïf, qui se levoit et prenoit la chandelle et ne laissoit refroidir la place. » Sept années entières furent employées à ces travaux. Mêlant aux leçons de Daurat celles d’Adrien Turnèbe, lecteur du roi, notre poëte s’initia complétement à tout ce que l’antiquité a de rare et de beau ; il osa même essayer ses forces, et, après quelques petits poëmes où se retrouvait « le magnanime charactère » de son Virgile, il fit représenter sur le théâtre du collége de Coqueret une traduction en vers français du Plutus d’Aristophane, « qui fut la première comédie françoise jouée en France. » (Binet.)

Nous devons regretter la perte de ces premiers essais, ainsi que celle d’un recueil qu’il avait fait, selon Crittonius, d’une foule de vers de poëtes grecs, dont nous ne connaissons presque que les noms, et qu’il laissa en mourant dans [Note reportée sur la page précédente]