Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/247

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Qu'on sème la place de roses,
D'œillets, de lis, de toutes fleurs,
En ce beau mois d'avril écloses,
Riche de cent mille couleurs.


Mais quoi ! si faut-il bien qu'on meure :
Rien çà-bas ferme ne demeure :
Le roi François vit bien la nuit.
Donc tandis qu'on ne te menace,
Et1 la mort boiteuse te suit,
Il faut que ta docte main fasse
Un œuvre digne de son bruit2.


1 Que est sous-entendu.
2 Bruit : renommée.


IX (*).


A CHARLES DE PISSELEU.


D'où vient cela, Pisseleu, que les hommes
De leur nature aiment le changement,
Et qu'on ne voit en ce monde où nous sommes
Un seul qui n'ait un divers jugement ?


L'un, éloigné des foudres de la guerre,
Veut par les champs son âge consumer
A bien pétrir les mottes de sa terre,
Pour de Cérès les présens y semer :


L'autre, au contraire, ardent, aime les armes,
Si qu'en sa peau ne saurait séjourner
Sans bravement attaquer les alarmes,
Et tout sanglant au logis retourner.


Qui le palais, de langue mise en vente


(*) Cette ode rappelle plusieurs endroits d'Horace : l'ode 1re du livre I et la satire Ire du liv. I, etc...