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DE P. DE RONSARD.

gratifia d’honneurs et d’une pension ordinaire. Encouragé par ses nobles protecteurs, il résolut d’écrire un poëme épique à l’honneur de la France et de ses rois ; mais cette ardeur fut refroidie par le peu d’appui qu’il trouva dans le roi Henri II pour l’accomplissement de son projet. Peut-être faut-il penser que la nature même de l’œuvre, où la verve de l’auteur se trouvait à chaque instant glacée et par la fausseté du sujet et par la rigueur du plan dans lequel il s’était renfermé, ne lui a pas permis de pousser au delà du quatrième chant une entreprise dont le début ne sert qu’à nous prouver la parfaite connaissance que Ronsard possédait de l’antiquité. Il s’y montre plus traducteur que poëte, et la préface qui précède l’ouvrage accuse chez lui l’inintelligence complète du genre épique. Ce n’est pas en effet le comprendre que de l’envisager comme une étude littéraire, et de donner des recettes de composition pour un poëme, qui doit jaillir de l’inspiration d’une époque tout entière.

Vers le même temps, Ronsard reçut de la ville de Toulouse une Minerve d’argent massif, dont il remercia le parlement et le peuple par un hymne adressé au cardinal de Châtillon, archevêque de Toulouse, un de ceux qui avaient contribué à le mettre en réputation à la cour.

De nouveaux ennemis, plus dangereux pour Ronsard que ses rivaux poétiques, s’élevèrent contre lui à la mort du roi Henri II. Les troubles religieux lui ayant donné occasion « d’armer les Muses » en faveur du catholicisme, il reçut des remercîments du roi et de la reine, comme aussi du pape Pie V, qui loua par des lettres expresses son zèle et son talent. Les protestants commencèrent alors à l’attaquer par des poëmes satiriques, auxquels il ré-