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VIE

pondit de la façon la plus vigoureuse, opposant aux calomnies l’exposé de ses sentiments et le tableau de sa vie[1]. On allait jusqu’à imputer à l’homme le paganisme littéraire du poëte, et la plaisante promenade d’un bouc, qui avait suivi la representation de la Cléopâtre de Jodelle, était flétrie du nom de sacrifice à Bacchus : il fallut se défendre même contre l’absurdité d’une pareille accusation :

« Tu dis en vomissant dessur moy ta malice
« Que j’ay fait d’un grand bouc à Bacchus sacrifice :
« Tu mens impudemment : cinquante gens de bien
« Qui estoient au banquet diront qu’il n’en est rien[2]. »

(Response à quelque… ministreau…)

Les Muses, longtemps muettes au milieu des dissensions, semblent se réveiller sous Charles IX, qui, plein d’admiration pour Ronsard, lui commande de le suivre partout, et lui donne un logis dans sa propre maison. Vers ce temps furent terminés les quatre livres de la Franciade, les Églogues, les Amours de Callyrée et d’Eurymédon, les Amours d’Astrée, ainsi qu’une partie des Mascarades et Pièces légères.

  1. Response de P. de Ronsard aux injures et calomnies de je ne scay quels prédicantereaux et ministreaux de Genève.
  2. La violence de Ronsard dans cette réponse nous engage à placer ici un renseignement curieux dû à l’obligeance de M. Francisque Michel, qui du reste n’ose point affirmer l’identité.
    P. de Ronsard et un certain nombre d’individus que nomme Théodore de Bèze, « le 28 de may estans allés à Conflans, marchandèrent avec certain nombre de séditieux de venir massacrer leurs hostes… ce qu’ils exécutèrent à la façon des vespres siciliennes… et y tuans entre autres le sieur de Lehon, vieil gentilhomme, et son fils… »
    (Histoire ecclésiastique des églises réformées au royaume de France. Anvers, 1580, liv. VII, année 1563, 2e vol., p. 538.)