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Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/18

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N’y regne point, ne ces monstres des cieus,
Ny tout cela qui plein de felonnie,
Tient les ſablons d’Afrique, ou d’Hyrcanie.
Touſiours la France heureuſement fertile,
Donne a ses fils ce qu’il leur est utile.
L’or eternel ne deffault point en elle,
Et de l’argent la ſource est eternelle.
Le fer, l’airain, deus metaus compaignons,
Ce ſont les biens de ses riches roignons.
L’un bon a faire, ou trompettes tortues,
Ou les portraicts des diuines ſtatues :
L’autre nous ſert pour corriger l’audace
De l’ennemi, qui en vain nous menace,
Lors qu’un bon ſigne au ciel nous est donné,
Et Iupiter a main gauche a tonné,
Fauoriſant le Françoys, qu’il estime<
Enfant d’Hector, ſa race legitime :
Qui de la hault nous a tranſmis ſes lois,
Et a iuré de nous donner des Rois,
Qui planteront le lis iuſqu’a la riue,
On du ſoleil le long labeur arriue.
Ici & là, comme celestes flammes,
Luisent les yeus de nos pudiques femmes,
Qui toute France honorent de leur gloire,
Ores monstrant leurs espaules d’iuoire,
Ores le col d’albaſtre bien uni,
Ores le ſein, ou l’honneur fait son ni :
Qui pour donter la cagnarde pareſſe,
Vont surmontant, d’une gentile adreſſe,
Le vieil renom des pucelles d’Aſie,