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Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/19

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Pour ioindre a l’or la ſoie cramoisie,
Ou pour broder au mestier proprement,
D’un nouueau Roi le riche acoustrement.
Que diray plus des lacs & des fontaines,
Des bois tondus & des forests haultaines?
De ces deus mers, qui d’un large a grand tour,
Vont preſque France emmurant tout au tour?
Maint grand vaiſſeau, qui maint butin ameine,
Parmi nos flots ſeurement ſe promeine.
Au dos des monts les grands forests verdoient,
Et a leurs pieds les belles eaus ondoient.
Des Dieus bouquins les bois ſont les repaires,
De Pan, de Faune, & des Satyres peres.
Et au plus creus des argentines ondes,
Menent un bal nos Nymphes vagabondes.
Puisse en mes vers leur faueur apparoistre,
Heureux celui qui les a peu cognoiſtre.
Celui vraiment l’auarice n’ard point,
Ne l’appetit des honneurs ne le point,
Mais iour a nuit courbé deſſus le liure
Apres la mort tache a ſe faire viure.
Qui contera l’exercite des nues
Groſſes de gresle, & de pluies menues,
(Lors que la bize horrible les rencontre,
Ou quand le ciel ſe courrouce alencontre
D’un camp, qui fait iniustement la guerre,
Le puniſſant d’oraige & de tonnerre)
Il contera de la France les ports,
Et les cites, les villes, & les forts,
Droict eleuants un front audacieux,