Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/24

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Ce corps, ce ventre, & ſe ſein coloré,
Ainçois Iuoire en œuure elaboré,
Ou i’auiſoi vne & une autre pomme,
Dans ceste nege aller a venir, comme
Les ondes font ſe iouant a leur bord,
Quand le vent n’eſt ne tranquille ne fort.
D’une vmbre vaine un nauire i’estoi,
Et pour ma charge estrange ie portoi
De Cupidon les carquois & les fleches,
Et de Venus les brandons & les meches:
Que vos beaux yeus ſçauent ſi bien darder,
Aqui les vient de trop pres regarder:
Lors que le ciel sur moy ſe despita,
Et tellement les vagues irrita,
Que sans espoir, de l’orage briſé,
le periſſoi, ſi ie n’euſſe aviſé,
Parmi l’obscur de la trouble menace,
Le port heureus de vostre bonne grace.
En vous voyant d’aſſez loing, me ſembloit
Que vostre corps à Venus reſſembloit,
Et que ſur moy mittes la main vermeille
Pour me ſauuer, & sur ce ie m’eueille.