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Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/25

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EPITRE A AMBROISE de la Porte Parisien.

En cependant que le peſteux Autonne
Tes citoiens l'un ſur l'autre moiſſonne,
Et que Caron a les bras tout laßés
D’auoir deia tant de Manes paßés.
Ici, fuiant ta vile perilleuſe
Ie ſuis venu pres de Marne l’ileuſe,
Non guere loin de la part, où ſes eaus
D’un bras fourchu preßent les murs de Meaus:
Meaus, dont Bacus ſongneus a pris la garde,
Et d’un bon œil ſes colines regarde
Riches de vin qui n’est point ſurmonté
Du vin d'Ai en friande bonté.
Non ſeulement Bacus les fauoriſe,
Mais ſa Compagne, & le pasteur d’ Anfriſe,
L’une y faiſant les épis blondoïer,
L’autre a foiſon les herbes verdoïer.
Dés le matin que l’Aube ſafranée
A du beau jour la clarté ramenée,
Et dés midi iuſque aus raions couchans
Tout égaré ie me pers dans les chams,
A humer l’air, a voir les belles prées,
A contempler les colines pamprées,
A voir de loing la charge des pommiers
Préſque rompus de leurs fruis Autonniers,
A repouſſer ſur l’herbe verdelette
De tour de bras l’éteuf d’une palette,