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Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/55

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Te chantera, car il ne ſe peut faire
Qu’autre beauté lui puiſſe iamais plaire,
Ou ſoit qu’il viue, ou ſoit qu’outre le port,
Leger fardeau, Charon le paſſe mort.

A Pierre de Paſcal, du bas païs de Languedoc.


Ie veus, mon cher Pascal, que tu n’ignores point
D'où, ne qui eſt celui, que les Muſes ont ioint
D’un neud ſi ferme à toi, afin que des années,
Å nos nepueus futurs, les courſes empanées,
Ne celent que Paſcal & Ronsard n’estoient qu’un
Et q tous deus n’auoient qu’un meſme cœur cõmun.

Or quand a mon anceſtre il à tiré ſa race
D'ou le glacé Danube eſt voisin de la Thrace:
Plus bas que la Hongrie, en vne froide part,
Est un ſeigneur nommé le Marquis de Ronſard,
Riche en villes, & gens, riche d’or, & de terre.

Vn de ſes fils puinés ardant de voir la guerre
Vn camp d’autres puinés aſſembla, hazardeus,
Et quittant ſon païs, fait Capitaine d’eus
Trauerſa la Hongrie, & la baſſe Allemaigne,
Trauerſa la Bourgongne, & toute la Champaigne
Et ſoudart vint ſeruir Philipes de Valois,
Qui pour lors auoit guerre encontre les Anglois.

Il s’emploia ſi bien au ſeruice de France,
Que le Roi lui donna des biens a ſufiſance,
Situés pres du Loir, puis du tout oubliant
Freres, pere, & païs, françois ſe mariant