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Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/56

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Engendra les aïeus dont eſt ſorti le pere
Par qui premier ie vi cette belle lumiere.

Mon pere fut touiours en ſont viuant ici
Maiſtre d’oſtel du Roi, & le ſuiuit außi
Tant qu’il fût priſonnier, pour ſon pere, en Eſpaigne,
» Faut il pas qu’un ſeruant ſon ſeigneur acompaigne
» Fidelle à ſa fortune, & qu’en auerſité
» Lui ſoit autant loial qu’en ſa felicité?
Du coſté maternel i’ai tiré mon lignage
De ceus de la Trimouille & de ceus du Bouchage,
De ceus là des Roüaux, & de ceus des Chaudriers,
Qui furent en leurs tans ſi vertueus guerriers
Que leur noble prouëſſe au fait des armes belle
Reprint ſur les Anglois les murs de la Rochelle,
Où l’un fut ſi vaillant qu’encores auiourdui
Vne rüe à ſon lôs porte le nom de lui.

Mais s’il te plaiſt auoir autant de connoiſſance
(Comme de mes aïeus,) du jour de ma naiſſance,
Sans te tromper ne moi, ie dirai verité
Er de l’an & du jour de ma natiuité.

L’an que le Roi François fut pris deuant Pauie,
Le iour d’un Samedi, Dieu me presta la vie,
L’onſieme de Septembre & preſque ie me vi
Tout außitost que né, de la Parque raui.

Ie ne fus le premier des enfans de mon pere,
Cinq auant moi long tans en enfanta ma mere,
Deus ſont mors au berceau, aus trois viuās en riens
Semblable ie ne ſuis ni d’estat ni de biens.

Si tost que j’eus neuf ans au colege on me meine,
Ie mis tant ſeulement un demi an de peine