Page:Ronsard - Les Chefs-d’œuvre lyriques, édition Dorchain, 1907.djvu/13

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NOTICE

On voudra bien considérer déjà ces pages préliminaires comme une anthologie, une anthologie commentée, où les vers de Ronsard, de ses contemporains, et des poètes modernes ses admirateurs, tiendront la plus large place.

I


RONSARD


Vers 1340, un cadet d’ancienne famille, le fils puîné du marquis de Ronsard, quittait le pays

D’où le glacé Danube est voisin de la Thrace,


— c’est à dire la Roumanie actuelle, — à la tête d’une compagnie de gentilhommes, cadets comme lui, et qui, comme lui, cherchaient aventure. Après avoir traversé avec eux la Hongrie, l’Allemagne et la Bourgogne, Baudouin de Ronsard offrait ses services au roi de France, Philippe de Valois, alors en guerre contre les Anglais, et se comportait de telle sorte que le roi, pour le retenir, le comblait de biens et d’honneurs. C’est ainsi que Baudouin s’établit au pays de Vendômois et fit bâtir, près du village de Couture, ce château de la Poissonnière où devait naître près de deux siècles plus tard, le 11 septembre 1524, Pierre de Ronsard, le grand poète.

Pierre était le sixième enfant de Louis de Ronsard, maître d’hôtel du roi François Ier et chevalier de son ordre. La mère était Jeanne de Chandrier, dont la famille tenait à celle de la Trémouille ; et comme de ces La Trémouille descendaient, par alliance avec l’impératrice Mathilde, les rois d’Angleterre, le poète pouvait se dire allié, au seixième ou dix-septième degré, à la reine Elisabeth, qui fut d’ailleurs une de ses protectrices.

Mis à neuf ans au collège de Navarre, il semble si promptement y dépérir de tristesse que son père l’en