Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
XLVII

Coche cent fois heureux, où ma belle Maistresse
Et moy nous promenons raisonnans de l’amour :
Jardin cent fois heureux, des Nymphes le séjour,
Qui pensent, la voyant, voir leur mesme Déesse.

Bienheureuse l’Eglise, où je pris hardiesse
De contempler ses yeux, qui des miens sont le jour,
Qui ont chauds les regards, qui ont tout à l’entour
Un petit camp d’Amours qui jamais ne les laisse.

Heureuse la Magie, et les cheveux bruslez,
Le murmure, l’encens et les vins escoulez
Sur l’image de cire : ô bien-heureux servage !

O moy sur tous amans le plus avantureux
D’avoir osé choisir la vertu de nostre âge,
Dont la terre est jalouse, et le Ciel amoureux.