Aller au contenu

Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XXV

Le mois d’Aoust bouillonnoit d’une chaleur esprise
Quand j’allay voir ma Dame assise auprès du feu :
Son habit estoit gris, duquel je me despieu,
La voyant toute palle en une robbe grise.

Que plaignez— vous, disoy-je, en une chaire assise ?
Je tremble et la chaleur reschaufer ne m’a peu,
Tout le corps me fait mal, et vivre je n’ay peu
Saine comme j’estois, tant l’ennuy me tient prise.

Si l’Esté, la jeunesse et le chaud n’ont pouvoir
D’eschaufer vostre sang, comment pourroy-je voir
Sortir un feu d’une âme en glace convertie ?

Mais, Corps, ayant souci de me voir en esmoy,
Serois-tu point malade en langueur comme moy,
Tirant à toy mon mal par une sympathie ?