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XLI

Ces longues nuicts d’hyver, où la Lune ocieuse
Tourne si lentement son char tout à l’entour,
Où le Coq si tardif nous annonce le jour,
Où la nuict est année à l’ame soucieuse :

Je fusse mort d’ennuy sans ta forme douteuse,
Qui vient, ô doux remède, alléger mon amour,
Et faisant toute nue entre mes bras séjour,
Rafraichist ma chaleur, bien qu’elle soit menteuse.

Vraye tu es farouche et fiere en cruauté :
On jouist de ta feinte en toute privauté.
Près d’elle je m’endors, près d’elle je repose.
 
Rien ne m’est refusé. Le bon sommeil ainsi
Abuse par le faux mon amoureux souci.
S’abuser en amour n’est pas mauvaise chose.