Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/193

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LXVI

Il ne faut s’esbahir, disoient ces bons vieillars
Dessus le mur Troyen, voyans passer Helene,
Si pour telle beauté nous souffrons tant de peine,
Nostre mal ne vaut pas un seul de ses regars.

Toutefois il vaut mieux pour n’irriter point Mars,
La rendre à son espoux, afin qu’il la r’emmeine,
Que voir de tant de sang nostre campagne pleine,
Nostre havre gaigné, l’assaut à nos rampars.

Pères il ne falloit à qui la force tremble,
Par un mauvais conseil les jeunes retarder :
Mais et jeunes et vieux vous deviez tous ensemble

Pour elle corps et biens et ville hazarder.
Menelas fut bien sage, et Paris ce me semble :
L’un de la demander, l’autre de la garder.