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Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/194

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LXVII

Ah, belle liberté, qui me senois d’escorte.
Quand le pied me portoit où libre je voulois !
Ah, que je te regrette ! helas, combien de fois
Ay-je rompu le joug, que malgré moy je porte !

Puis je l’ay rattaché, estant nay de la sorte.
Que sans aimer je suis et du plomb et du bois :
Quand je suis amoureux j’ay l’esprit et la vois,
L’invention meilleure et la Muse plus forte.

Il me faut donc aimer pour avoir bon esprit,
Afin de concevoir des enfans par escrit,
Prolongeant ma mémoire aux despens de ma vie.

Je ne veux m’enquerir s’on sent après la mort :
Je le croy : je perdrois d’escrire toute envie :
Le bon nom qui nous suyt, est nostre reconfort.