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VI

Je faisois ces Sonnets en l’antre Piéride,
Quand on vit les François sous les armes suer,
Quand on vit tout le peuple en fureur se ruer,
Quand Bellonne sanglante alloit devant pour guide :

Quand en lieu de la Loy le vice, l’homicide.
L’impudence, le meurtre, et se sçavoir muer
En Glauque et en Protee, et l’Estat remuer,
Estoient tiltres d’honneur, nouvelle Thebaïde.

Pour tromper les soucis d’un temps si vicieux,
J’escrivois en ces vers ma complainte inutile.
Mars aussi bien qu’Amour de larmes est joyeux.

L’autre guerre est cruelle, et la mienne est gentille :
La mienne finiroit par un combat de deux,
Et l’autre ne pourroit par un camp de cent mille.


[Pièce figurant aux Amours diverses en 1578 au premier livre des Sonnets pour Hélène en 1584, aux Amours diverses en 1587].


FIN