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XXVIII

Si j’estois seulement en vostre bonne grâce
Par Terre d’un baiser doucement amoureux,
Mon cœur au départir ne seroit langoureux,
En espoir d’eschauffer quelque jour vostre glace.

Si j’avois le portrait de vostre belle face,
Las ! je demande trop ! ou bien de vos cheveux,
Content de mon malheur je serois bien-heureux
Et ne voudrois changer aux célestes de place.

Mais je n’ay rien de vous que je puisse emporter.
Qui soit cher à mes yeux pour me reconforter.
Ne qui me touche au cœur d’une douce mémoire.

Vous dites que l’Amour entretient ses accords
Par l’esprit seulement, je ne sçaurois le croire :
Car l’esprit ne sent rien que par l’ayde du corps.