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CHAPITRE TROISIÈME


LES SIGNES PRÉCURSEURS DE LA RÉVOLUTION
I. — L’actualité

S’il est un point sur lequel l’opinion publique ait peu varié, dans cette époque de bouleversement universel des esprits et des choses qui marque la fin du dix-huitième siècle et les débuts de notre, temps, c’est, assurément, sur le mérite de David.

Pendant plus de trente ans, sa gloire et son école restent indiscutées. La France de royaliste devient républicaine, elle se donne à Napoléon on rappelle les Bourbons, mais elle demeure Davidienne. Incarcéré après le 9 thermidor, David n’a pas été diminué comme peintre, et, lorsque Louis XVIII l’aura exilé, il négociera avec lui l’achat d’un de ses tableaux.

Il reste, en apparence, inébranlable. En réalité, dès le premier jour, il a été menacé. Rien de plus naturel. En art comme en politique, comme en littérature, comme en toute chose humaine, créer un système et prétendre asservir, à jamais, les esprits à ses formules, c’est supposer que les hommes ne recevront jamais d’autres impressions que celles qu’ils ont ; c’est oublier que la vie, qui bouleverse à chaque instant nos combinaisons fragiles, rendra, demain, fausses les vérités d’aujourd’hui.

Les transformations politiques, les évolutions des idées, les passions ou les croyances nouvelles ont toutes, plus ou moins profondément, ébranlé l’édifice davidien ; elles en ont fait découvrir les incommodités, les imperfections, et l’ont, pour ainsi dire, battu du dehors. Or, tandis que ces forces, étrangères à l’esthétique picturale, agissaient, la pratique et les idées picturales même tendaient à se transformer. C’est de la combinaison, de la coalition de ces deux groupes d’agents destructeurs que devait sortir la Révolution. Des causes extérieures et des raisons intérieures ont ainsi travaillé à la produire et nous allons successivement les examiner.

Parmi les faits extérieurs qui, sans créer une nouvelle esthétique, ont rendu celle-ci désirable ou possible, il en est trois dont l’importance doit être, tout d’a-