Page:Rosenthal - La Peinture romantique, 1900.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 56 ——

d’une célébrité européenne ; Constable, dont le renom étaitalors moins étendu, mais dont le. talent tout au moins était entièrement formé.

Lawrenee n’avait. pas un sens artistique aussi élevé que Reynoldspuais, plus encore que celui-ci, il avait les qualités qui reudeut populaire. Ce qui, cliez Reynolds, avait dérivé d’instiucts ou de croyances esthétiques, se transforma, cliez Lawrence, en un système ou en procédés. L’étude des maîtres vénitiens et (le longues méditations avaient dirigé les pinceaux de Reynolds ; Lawrence, en imitant sa manière, ne l'ut pas uniquement guidé par le désir de produire de grandes œuvres. Tourmeuté. du besoin de plaire, il se lit courtisan de la foule

et la recherche de l’effet, exagérée déjà cliez ses prédécesseurs, dépassa, cliez lui, toute mesure Pour soutenir la vivacité. du regard de ses héros, il les peignit presque noyés de larmes. ll séduisit par le contraste de parties très travaillées

parmi d’autres plus que lâlt'llt's. ll clierclla même quelquel’ois ce l'aux lini exté- rieur qui ne répond pas à uuc exécution très soignée mais qui plaît. au gros public et revétit. souvent ses portraits d'une fade distinction (2).

ll suffit, pour mesurer la distancequi le sépare de(iainsborougli et de Reynolds, de comparer à leurs œuvres le célèbre portrait de JIas/cr Lumblon (3) ou l'En— faut Rouge. La pose prétenticuse du jeune boy assis surdesrocliers, le soin avec lequel est peint son costume de velours et, par contre, le dédain avec. lequel le cadre est traité, sont. des vices d’école dont les créateurs savent ordinairement s’abstenir. Cela n’empéclie pas, d’ailleurs, que Lawreuceait fait d’admirables et surtout. de très séduisantes clioses et qu’il tienne uu très haut rang parmi les peintres du dix-neuvième siècle.

En accusant davantage le procédé, en le laissant. transparaître, Lawrence se pré-tait, peut-être, davantage à l’imitation et les enseignements que l’on pouvait recevoir de ses œuvres frappaient. d’autant plus vite que la l’acture était moins dissimulée.

Un peut reprocher a Constable. d’avoir enlevé au paysage quelque cliose de ce caractère simple et large que GainsborougllelReyuolds,;‘1l'exempledel’uubeus, lui avaient. donné. Les feuillages librement esquissés, dout les masses rouges ou ct'u'uléeuueS remplissaient. sans etl'ort les plus grandes toiles, perdirent, sous son pinceau minutieux, de leur unité et de leur grandeur. La conscience inquiète de Constable multiplia les annotations, .lcs indications sur la toile, au point de produire uu éclat papillotaut et de l’aire naître uue impression de coul’usion ou de l"atiguc. Mais, jamais, peintre ne scruta la nature avec tant de persistance

(l) « Lawrencc, Turner, Reynolds, eu général tous les grands artistes anglais, sont entaché-s (l'exagé— ration, particulièrement dans l’ef‍l'et, qui empêche de les classer parmi les grands maîtres. » Delacroix, Journal, 8 février 4860.

(2) Ainsi dans deux portraits exposés eu 4895 aux Graftou Galleries, sous les n0s 490 et 279.

t3) Au comte de Durham qui l’avait exposé en 48933 aux Gratton Galleries.