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leurs in('olu'-i'ences volontaires,auraient, (l’abord, prévenu les esprits contre eux; avec Shakespeare, on les eût traités de barbares.

Leur Fortune voulut qu’avant (le les connaître quelques peintres l'ran;ais eussent subi une initiation préliminaire.

Ce l'ut Rubens qui ouvrit la France a l’inf‍luence germanique et qui rendit possible, chez nous, l’action de l’Ecolc anglaise dont il avait été le fondateur.

“’atteau avait, peul-étre, été, des maîtres français, le premier sur lequel eût agi l’inf‍luence f‍lamande (l). ll avait emprunté à Hubens l’art d'indiquer un paysage par les lons que revétent les arbres, sans s’astreindre a en dessiner le squelette. Ses bois aux harmonies lointaines, aux nuances chaudes ou pas— sées, qui donnent je ne sais quelle pointe de mélancolie aux scénes galantes qu’ils abritent, “'att 'au en devait l'idée aux Flamands et c’est à eux aussi, qu’il dut la place prépondérante que la couleur a prise dans ses (ruvres.

Par “’atteau, l’esprit. f‍lamand ou germanique s’était insinué chez les petits maîtres au dix-huitième siécle, non chez Boucher, qui dessinant. mal a toujours siuqé le dessinateur, mais chez Lancret ou l’ater, surtout chez le fougueux Frago.

L'École (le David interrompit ce premier commerce de la France artistique et des peuples du Nord et le nom de l’mbens ne l"ul plus prononcé qu’avec terreur par les artistes. Mais c’était précisément l’époque où Rubens allait se l’aire connaître en notrc pays. L’ouverture du Musée prolita surtout aux maîtres f‍lamands ou hollandais. Quelques peintres, des amateurs privilégiés avaient visité Rome; presque personne n’avait vu _\nvers ou .\Illsl('l‘tlillll. (lette galerie de Marie de Médicis, que la royauté possédait depuis prés (le deux siécles, n'était connue que par des gravures (2). Le Musée du Louvre et celui du Sénat Conservateur produisirent donc, à cet ég‘ard, l'ef‍l'et d’une véritable révélation. La l’aveur publique s’attacha a ces chefs-d’œuvre jusqu’alors ig'norés. Les col-

lectionneurs (lélaissèrent la recherche des maîtres italiens pour acquérir des

Téniers ou des Ostade. .Iay (3) constatera avec mélancolie cette passion per- sistante. en [817 : « Ecoles (le Rome, de Florence, de Sienne, de Bologne, de Venise, de Lombardie, écrivait—il, vous n’étesplus aimées... l’on admet à peine quelques-unes de vos productions dans nos cabinets, tandis que les peintures f‍lamandes et hollandaises en occupent toutes les surl’aces (4). » Les catalogues des ventes publiques attestent le bien fondé de ces doléances (5).

('l) « La Flandre et Venise y sont réunies. n) Journal d'Eug‘ène Delacroix, 3 avril I847.

(2) Galerie du Palais du Luwembourg, peinte par Itubens, dessinée par Nattier et gravée par les plus illustres graveurs, Paris, 'l'HO.

(3) A. Jay (4770—1854), membre de l'Acndémie française (18321, collaborateur de .louy.

(l) Recueil de Lettres traduites de Bottari, p. 1H8.

Vente Leyden d’Amsterdam, :‘l Paris en I804, un Cu_vp est vendu- 4.000 francs, un Dou, 42.0)0,