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LES PREMIERS HABITANTS DE NOTRE PAYS

il avait passé une partie de sa jeunesse. Titus fut doux et bon, mais ne gouverna que peu de temps. Trajan, Adrien, Antonin et Marc-Aurèle sont regardés comme les meilleurs empereurs. Ils vivaient pendant le deuxième siècle après Jésus-Christ. Sous leur règne, l’empire jouit d’une paix profonde. Ce fut une période relativement heureuse et celle de la plus grande puissance de Rome.

Plus tard, l’empire s’affaiblit par les guerres civiles. Les empereurs étaient nommés par les soldats et massacrés bientôt après. Quelques souverains cherchèrent à relever l’empire et à mettre de l’ordre dans le gouvernement. L’un d’eux, Constantin, se prononça en faveur des chrétiens, qui avaient été jusque-là atrocement persécutés. En 313, il leur permit de pratiquer leur culte. Dès lors, les idées chrétiennes purent se répandre librement et exercer leur bienfaisante influence.

Après Constantin, la puissance de l’empire diminua de plus en plus. Il était attaqué sur toutes ses frontières par des peuples étrangers et ne pouvait résister à tant d’ennemis. Théodose le Grand est le dernier souverain qui ait réuni tout l’empire sous son autorité. À sa mort, en 395, l’empire fut partagé en deux États : l’empire d’Occident et l’empire d’Orient. Le premier eut pour capitale Rome ; le second, Constantinople. L’empire d’Occident se divisa bientôt en plusieurs parties.


5me LECTURE

L’Helvétie romaine. — Les Helvètes avaient perdu leur indépendance ; leur pays ne formait plus qu’une petite partie de l’immense empire romain. Au fond de l’Helvétie, comme à Rome, on obéit à Statuette de Mercure, retrouvée à Nyon.
Fig. 22. — Statuette de Mercure, retrouvée à Nyon.
l’empereur. Les Helvètes sont ses sujets et ils doivent lui payer un tribut, c’est-à-dire une certaine somme d’argent chaque année. Cependant ils avaient conservé quelques libertés et pouvaient nommer des magistrats chargés de les protéger et de les défendre.

L’Helvétie, ou le pays habité par les Helvètes, n’était pas si grand que la Suisse actuelle. (Voir la carte en couleur no 1.) Au nord-est, se trouvait le pays des Rauraques, avec la ville d’Augusta ou Augusta Rauracorum. Nyon, nommée alors Noviodunum, était la ville principale d’un pays appelé pays des Équestres ; ce nom provenait de ce que d’anciens soldats, qui avaient servi dans la cavalerie, s’y étaient établis.

Statuette d’acteur.
Fig. 23. — Statuette d’acteur.

Genava ou Genève était dans le pays des Allobroges ; on la désignait quelquefois sous le nom de Marché des Allobroges. Tous ces pays, de même que le Valais actuel, faisaient partie de la Gaule.

Le Tessin et la Suisse orientale appartenaient aussi aux Romains, mais ils étaient en dehors de la Gaule. Les Rhètes ou Rhétiens des Grisons et de la Suisse orientale étaient un peuple montagnard et sauvage que les Romains eurent beaucoup de peine à soumettre. Les Romains établirent un poste militaire à Curia ou Coire.

Sous les Romains, l’Helvétie se transforma complètement. Elle se civilisa et s’enrichit. La paix régna ; les habitants perdirent leur rudesse. Le latin, la langue des Romains, devint celle des Helvètes. La religion des druides fit place à la religion romaine avec ses nombreuses divinités. Des temples s’élevèrent à Jupiter, le dieu suprême, à Apollon, le dieu du soleil, à Minerve, la déesse de la sagesse, à Neptune, le dieu des eaux. Mercure, le dieu des marchands, était particulièrement honoré. En outre, chaque ville, chaque village, chaque fleuve avait son dieu particulier, son génie protecteur.

L’agriculture fit de grands progrès. Les Romains apprirent aux habitants à mieux cultiver leurs champs. Il est très probable que ce sont les Romains Amphore, retrouvée à Avenches.
Fig. 24. — Amphore, retrouvée à Avenches.
qui ont introduit en Helvétie plusieurs plantes de rapport ou d’ornement, telles que la vigne, le cerisier, le prunier, le pêcher, l’abricotier, le noyer, le rosier, le lis, etc. Le bétail suisse était déjà renommé. Les marchands italiens venaient acheter dans notre pays des fromages, du beurre, du suif, de la cire, du miel et des bois.

Le commerce était facilité par la construction de bonnes routes. Plusieurs de ces routes traversaient les cols des Alpes et faisaient communiquer la Suisse et l’Italie. L’une