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de l’un de nos plus grands écrivains français, si vous ne le connaissez pas sous la forme anglaise de son nom, je vous dirai que c’est « Racine » et que sa tragédie de « l’Anglais » c’est « Britannicus ». Le fameux conquérant que j’ai appelé le Lion-aux-Navets, c’est l’empereur Napoléon Ier qui motiva un bizarre distique affiché sur les murs de Paris après l’avènement du gros roi Louis XVIII et dont on trouverait au besoin le texte dans un des nombreux Corpus inscriptionum latinarum… cuisinarum composés par les érudits les plus distingués du dernier grand siècle défunt. Ce distique le voici :

Vivat Napo leo !
Pereat Ludo vicus !

« Que le lion se nourrisse de Navets ! Que le faubourg périsse par le Jeu ! »

Or il arriva à M. de Goncourt de faire usage de la façon la plus ravissante du singulier procédé qui consiste à appeler les personnages célèbres de la Chine sous des noms absolument inconnus en Europe et qui le sont également sur les deux rives du fleuve Jaune.

Le plus grand poète chinois se nomme Li Taï-peh et un autre poète, également célèbre au Céleste-Empire, Peh Loh-tien. On ne s’imaginerait guère que M. de Goncourt appelle le premier « Lihakou » et le second « Hakou-rakou-ten »[1]. Il désigne bien Confucius sous le nom latin qui a pris droit de cité parmi nous, mais il nous parle d’un certain Soshi, l’un des disciples du grand moraliste de Lou. L’éditeur Charpentier, qui en a publié les dires, ne s’en douterait proba-

  1. L’art Japonais du XVIIIe siècle, p. 185.