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Les mythes, sur lesquels repose la religion nationale du Japon appelée Sintauïsme[1], ont été l’objet de publications basées sur une connaissance plus ou moins solide, plus ou moins étendue de la littérature indigène. Ces publications ne nous donnent cependant pas une idée précise de leur portée religieuse et philosophique, parce qu’au lieu de s’appuyer sur les textes originaux des premières époques, elles renferment des renseignements puisés dans des compilations modernes, pour la plupart peu développées, souvent inexactes, en tout cas fort incomplètes. Il en résulte qu’on nous parle presque toujours du Sintauïsme comme on parlerait, par exemple, du Judaïsme, si on ne connaissait pas l’existence de la Bible, ou du Brahmanisme, si l’on ne savait pas qu’il existât des Védas.

Pour se former une idée tant soit peu exacte du Sintauïsme, pour y découvrir des indications sûres au sujet des origines ethniques des insulaires de l’Extrême-Orient, il faut recourir tout au moins à deux anciens ouvrages d’une authenticité établie et qui sont les véritables livres canoniques des Japonais, à savoir : le Fourou-koto boumi[2] et le Yamato boumi[3]. Les

  1. Sintauïsme est formé de deux mots chinois sin et tau qui signifient « la Voie des Dieux », ou « Doctrine des Génies, » le mot sin (chinois : chin) étant communément traduit par « génie ». L’école des purs sintauïstes répudie ce mot, en raison de son origine étrangère et lui substitue son équivalent japonais Kami-no mitsi.
  2. C’est le livre souvent désigné par son titre chinois de Ko-zi ki.
  3. 3. Cet ouvrage, l’un des plus beaux monuments de l’ancienne littérature du Japon, est également nommé Ni-hon Syo-ki ; on l’appelle d’ordinaire Ni-hon gi. — La forme Yamato boumi est purement japonaise.