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gonie (Kami yo-no maki) et qui est essentiellement mythique et légendaire ; la seconde qui traite des premières périodes semi-historiques et historiques des annales des Mikados.

Au premier abord, la mythologie japonaise nous apparaît comme un ensemble assez mal coordonné de récits bizarres, parfois grossiers et puérils, dont on hésite à attribuer l’invention à un peuple déjà sorti des langes de la barbarie. Au Japon, où l’on est sans cesse tenté de chercher l’influence de la Chine, on est surpris du caractère farouche et inculte de quelques-unes de ces légendes qui contrastent si profondément avec la politesse et le raffinement des idées chinoises. On s’étonne enfin de ce défaut d’unité qui règne d’un bout à l’autre dans cette singulière composition cosmogonique, et l’on se demande si l’on ne se trouve pas en présence de plusieurs systèmes de mythes qui, par suite de circonstances inconnues, se seraient juxtaposés sans parvenir à fondre leurs éléments divers de manière à constituer une production méthodique et en apparence du moins quelque peu concordante et homogène.

Les soupçons que l’on conçoit déjà lorsqu’on étudie le Sintauïsme dans les ouvrages populaires et de seconde main, se transforment bientôt en conviction du moment où l’on peut recourir aux sources même de cette religion, c’est-à-dire aux livres anciens qui en ont conservé les premières manifestations. La lecture de la Genèse du Japon, dans le Fourou-koto boumi ou dans le Yamato boumi, ne permet pas de douter longtemps que cette genèse ait été fondée sur deux ordres de traditions essentiellement distinctes, dont l’ethno-