Page:Rosny - La Fauve, 1899.djvu/308

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héroïne véritable, de se dévouer, de se sacrifier en toute grandeur, en toute beauté.

Rougissant de son mensonge, il attendait qu’elle prononçât. Une indicible souffrance, cependant, crispait son visage. Elle vit clair comme le jour dans cet homme, mondain avant d’être amant :

— Il ne faut pas que je vous revoie jamais ! Vous me feriez souffrir inutilement.

Il voulut faire un geste de supplication, elle avait disparu, entraînant Rusthol. Alors, il demeura privé d’haleine, et il vit son cadavre à lui, comte de Latorel, entre les quatre planches d’un cercueil. 1l se secoua, souffla et s’en alla vers les ténèbres de sa vie mondaine.

Cependant, Samy regagnait sa loge. Il lui semble qu’elle marchait dans un lieu dévasté par un incendie. Son cœur n’’était plus dans sa poitrine qu’un petit grelot lointain. Tout était vide, tout était laid et éphémère. Au moment où elle rentra dans sa loge, elle crut qu’elle ne pourrait jamais supporter la glaçante impression de deuil ; elle voulut reprendre l’aimé, en dépit d’elle-même, puis le découragement l’abattit.

Des minutes. On appela en scène. Elle descendit, morne, épouvantée. Elle joua dans la dou-