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Page:Rosny - La Fauve, 1899.djvu/9

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Du cabinet du directeur et de la salle des répétitions, plus loin, un éclat de voix arrivait ou encore le bruit d’une conversation du secrétaire général, homme spirituel et courtois, avec un auteur dramatique, et les conversations de l’antichambre, du cabinet, les répliques de la grande salle, tout avait la sourdine des pharmacies, des bureaux de banque, endroits de scrupules ou de méfiance.

Une odeur de vieille nicotine condensée dans les tentures se mêlait âprement à la cigarette de Frasque. Malgré les bruits voisins, l’endroit était morne à cause de la pauvre lumière passant à travers les mousselines ornées de lions héraldiques en couleur. Les demi-ténèbres semblaient du silence.

La comédienne observait Charles de Latorel avec une sorte de crainte parmi le scepticisme de sa conversation. Elle avait de brusques finesses, de soudaines profondeurs où de Latorel s’émouvait, incapable cependant de pénétrer l’abîme de cette âme, de voir, derrière les formes épaissies et le misérable corsage de panne usée, l’artiste si subtile et parfaite.

Elle jouait actuellement un rôle de vieille entremetteuse et, chez cette assimilatrice instinc-