taient des flammes. Sous les astres profonds, dans la rumeur du fleuve, au murmure léger de la brise, entrecoupé du glapissement des chacals et de la voix d’un lion perdu à l’autre rive, il avait peine à concevoir son triomphe.
Et il criait d’une voix haletante :
— Naoh est maître du Feu !
Il lui semblait être la vie souveraine du monde. Il tournait lentement autour de la bête rouge, il allongeait la main vers elle, il exposait sa poitrine à cette caresse depuis si longtemps perdue. Puis il murmurait encore, dans le ravissement et dans l’extase :
— Naoh est maître du Feu !
À la longue, la fièvre de son bonheur s’apaisa. Il commença de craindre le retour des Kzamms ; il lui fallait emporter sa conquête. Déliant les pierres minces qu’il portait avec lui, depuis son départ du grand marécage, il se disposa à les réunir avec des brindilles, des écorces et des roseaux. Comme il furetait autour du camp, il eut une joie nouvelle : dans un repli du terrain, il venait d’apercevoir la cage où les Dévoreurs d’Hommes entretenaient le Feu.
C’était une sorte de nid en écorce, garni de pierres plates disposées avec un art grossier, patient et solide ; une petite flamme y scintillait encore. Quoique Naoh sût fabriquer les cages à feu aussi bien qu’aucun homme de sa horde, il lui eût été difficile d’en faire une aussi parfaite. Il y fallait le loisir, un choix attentif des pierres, des remaniements nombreux. La cage des Kzamms était composée d’une triple couche de feuilles de schiste, maintenues extérieurement par une écorce de chêne vert ; elle était reliée par des branchettes flexibles. Une fente maintenait un tirage léger.
Ces cages demandaient une vigilance incessante ; il