Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

buisson, qu’ils arrosaient d’eau par intervalles, déjà ils le poussaient vers l’arête granitique.

Le soleil était presque au haut du firmament, lorsque l’Homme-sans-épaules poussa une clameur aiguë. Il se leva, il agita les deux bras. Un cri semblable fendit l’espace et parut bondir sur le marécage. Alors, sur la rive, à grande distance, les Nomades aperçurent un homme exactement pareil à celui qu’ils avaient recueilli. Il se dressait à la corne d’un champ de roseaux, il brandissait une arme inconnue. Les Nains Rouges aussi l’avaient aperçu : tout de suite un détachement se mit à sa poursuite… Déjà l’homme avait disparu derrière les roseaux. Naoh, secoué d’impressions retentissantes, confuses et impétueuses, continuait à scruter l’étendue. Pendant quelque temps, on vit courir les Nains Rouges sur la plaine ; puis l’immobilité et le silence retombèrent. À la longue, deux des poursuivants reparurent, bientôt un autre groupe de Nains Rouges se mit en route : Naoh pressentit une aventure considérable. Le blessé la pressentait aussi, et moins obscurément. Malgré la plaie de sa cuisse, il était debout ; ses yeux opaques s’éclairaient de lueurs dansantes, il poussait par intervalles une rauque exclamation de bête lacustre.

Mystérieux, les événements se multiplièrent. Quatre fois encore, des Nains Rouges longèrent le marécage, et disparurent. Enfin, parmi des saules et des palétuviers, on vit surgir une trentaine d’hommes et de femmes, aux têtes longues, aux torses ronds et singulièrement étroits, pendant que, de trois côtés, se décelaient des Nains Rouges. Un combat avait commencé.

Cernés, les Hommes-sans-épaules lançaient des sagaies, non pas directement, mais à l’aide d’un objet que les Oulhamr n’avaient jamais vu et dont ils n’avaient aucune