Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/159

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rejoint, et tous quatre jetaient éperdument des brandons.

Surpris de cette manœuvre singulière, l’ennemi avait, au hasard, dardé quelques sagaies. Quand enfin il comprit, les feuilles sèches et les ramilles brûlaient par centaines ; une flamme énorme grondait autour du buisson et commençait à le pénétrer ; pour la seconde fois, Naoh poussait un cri de guerre, un cri de carnage et d’espérance, qui gonflait le cœur de ses compagnons :

— Les Oulhamr ont vaincu les Dévoreurs d’Hommes ! Comment n’abattraient-ils pas les petits chacals rouges ?

Le feu continuait à dévorer le buisson, une longue lueur écarlate s’étendait sur le marécage, attirait les poissons, les sauriens et les insectes ; les oiseaux élevaient parmi les roseaux un grand claquement d’ailes et les loups mêlaient leurs hurlées aux ricanements des hyènes.

Tout à coup, l’Homme-sans-épaules se dressa avec un mugissement, ses yeux plans phosphoraient, son bras tendu montrait l’occident.

Et Naoh, se tournant, aperçut sur les collines lointaines un Feu semblable à la lune naissante.



IV

LE COMBAT PARMI LES SAULES


Au matin, les Nains Rouges se montrèrent fréquemment. La haine faisait claquer leurs épaisses mâchoires et briller leurs yeux triangulaires. Ils montraient de loin leurs sagaies et leurs épieux, ils faisaient mine de percer des ennemis, de les abattre, de leur rompre le crâne et de leur ouvrir le ventre. Et, ayant rassemblé un nouveau