Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/134

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angoisse mortelle le tint immobile ; il faillit retourner vers sa couche et attendre le décret de l’invisible… La force qui était en lui, et qui ne voulait pas désespérer avant le dernier soupir, le ranima : il tâta le visage de Langre.

Ce visage était froid. Aucun souffle ne semblait s’exhaler des lèvres.

Georges se traîna successivement auprès des autres couches. Toutes les faces étaient froides comme celle du vieillard, aucune respiration ne soulevait les poitrines.

— Misère ! soupira le jeune homme.

Il se pencha plus longuement sur Sabine ; une sanglot le secoua. Mais sa douleur avait quelque chose de trop vaste et de trop religieux pour se répandre en larmes. Agenouillé dans l’ombre, prêt à la mort, puisque tous ceux qu’il aimait venaient de disparaître et puisque tous ses frères humains étaient condamnés, plein cependant d’une révolte farouche, il ne pouvait admettre que le long effort des âges sombrât dans ce néant abo-