Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/169

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un groupe étrangement uni, et par le souvenir des épreuves subies en commun, et par quelque lien indéfinissable, qui se resserrait chaque jour. Un grand chien, que Langre avait acquis à Sens, participait à l’intimité ; il souffrait étrangement lorsqu’on prétendait le laisser seul à la maison ; son absence était une petite peine pour les adultes comme pour les enfants. Même le vieux jardinier qui logeait dans une annexe, au fond du potager, et son petit-fils, garçonnet aux cheveux d’argent à peine teintés d’un reflet paille, montraient un plaisir extrême à se rapprocher de la famille. L’on eût dit que la chèvre et l’âne éprouvaient une inclination analogue.

Trois semaines coulèrent. On avait dépassé le solstice. C’était le temps des larges crépuscules ; certains soirs, assis sur la terrasse, d’où l’on apercevait l’Yonne, pleine des beaux mensonges que lui contaient les nuages, après le départ du soleil – certains soirs, on avait le pressentiment de l’aube au teint de perle,