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II

SABINE


Sabine s’avançait sous les hêtres rouges, d’un pas de rêve, et quand elle sortit de l’ombre des ramures, elle parut toute proche des beaux nuages qui s’assemblaient dans l’occident. La lumière était fantasque et variable ; les pénombres palpitaient, et Sabine, considérant la rivière et ses nobles peupliers, goûtait la tiédeur vivante de la brise. La ferveur des races jeunes gonflait sa poitrine ; elle n’apercevait plus la vie comme une sylve pleine de pièges et il y avait de la témérité dans la manière dont elle secouait sa chevelure.

Tandis qu’elle s’abandonnait à l’étrange peuple des songes, elle perçut l’approche d’un être et se tourna. Meyral sortit de la pénombre. Il avançait avec une sorte de