Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/85

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jacinthe et de liseron, cette allure d’ondine au clair des étoiles, tant de lueurs, de rythmes et de fraîcheur, c’était le conte de fées où s’était égarée sa jeunesse. En partant avec l’autre, Sabine avait changé toutes les légendes… Il ne lui pardonnait pas. À sa vue, il connaissait la pesanteur des vaincus et leur rongement ; par les soirs saturés d’arômes, d’étoiles et d’aventures, elle fanait la splendeur du monde.

— Je me suis éveillée tard ! s’excusa-t-elle.

— Tu étais recrue de fatigue, riposta le père, après l’avoir embrassée. Nous avons tous succombé à un sommeil bizarre. Et les enfants ?

— Ils dorment.

— Ils ont veillé jusqu’à trois heures !

Sabine s’était dirigée vers Georges.

— Jamais je n’oublierai ! dit-elle.

Il serra les poings pour ne pas déceler l’immense frémissement qui ébranlait son être. L’amont des âges reparut avec ses sources et ses collines reverdissantes.